L’œuvre d’Hippolyte Petitjean est, à l’image de ce tableau, caractérisée par une utilisation très moderne de la couleur. Son travail est influencé par les théories d’optique développées par Seurat. Il rencontre ce dernier à Paris en 1884, après avoir reçu une formation artistique académique : élève dès l’âge de 13 ans à l’école de dessin de Mâcon, il obtient de la ville une bourse pour étudier aux Beaux-Arts à Paris. Il fréquente également l’atelier parisien de Cabanel. Son style et ses rencontres l’amènent à participer au mouvement néo-impressionniste ; il expose au Salon des Indépendants en 1891, puis chez Le Brac de Bouteville aux côtés d’artistes symbolistes et impressionnistes.
Dans ce tableau représentant Donzy-le-Pertuis, les couleurs se déploient en une composition simple : une première ligne suit la courbe du chemin et souligne la zone d’ombre, une seconde ligne délimite la frontière entre le ciel et le paysage ensoleillé. Au centre, une forme circulaire est cernée d’une ligne claire. Cette forme sombre sert d’écrin aux bâtiments, qui sont également mis en valeur par une touche de vermillon évoquant le toit de l’église. Le paysage alentour est, dans une facture appuyée, composé de couleurs qui forment des contrastes dynamiques ; à l’ombre verte bleutée du premier plan s’oppose le vert brillant des prairies ensoleillées qui alternent avec des zones terreuses, rousses et violettes ; les haies et les murets, qui rythment l’espace, sont déclinés en teintes violines qui s’opposent directement au vert. Hippolyte Petitjean produit donc ici une vision brillante et intense des paysages clunisois en utilisant les connaissances et les théories chromatiques les plus avancées de son époque