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Collection de plâtres de l’école municipale des beaux-arts de Dole
Enseigner les arts en Bourgogne - Franche-Comté
Redécouverte des collections de plâtres des écoles d’art de la région
Quand les différentes écoles d’art de la région ont été créées, puis les premiers cours d’Histoire de l’Art et Archéologie donnés dans les universités, les supports d’apprentissage modernes numériques en haute-définition n’existaient pas encore. Les établissements d’enseignement en art se sont alors dotés de riches collections de plâtres.
En 2014, la redécouverte d’une partie des collections de plâtres de la faculté des Lettres de Besançon dans les greniers du pavillon d’Archéologie, par Sophie MONTEL (UR 4011 ISTA, UMLP), fournit le premier élan à la création du « Projet Moulages », aujourd’hui porté par S. MONTEL et Arianna ESPOSITO (UMR 6298 ARTEHIS, UBE). Étendu ensuite à d’autres structures, et notamment les collections de plâtres des différents musées de Bourgogne - Franche-Comté, qui possèdent souvent les collections des écoles d’art ou de dessin, ce projet tend à l’étude, la conservation et la valorisation de ces collections patrimoniales des établissements d’enseignement. Des mémoires de recherche de Master ont ainsi été réalisés par cinq étudiantes : Aimé SONVEAU pour la collection de l’école d’art de Dijon déposée au musée Buffon de Montbard ; Emy FAIVRE pour les plâtres de l’école d’art de Dole ; Laura PERRIN pour ceux conservés au musée Jean-Léon Gérôme de Vesoul ; Lara TAILLARDAS sur le fonds du sculpteur Eugène Guillaume, originaire de Montbard ; Marie BOUGETTE pour les collections du musée de Semur-en-Auxois.
Des expositions ont également été réalisées pour permettre à ce projet de s’ouvrir au grand public. La première révélation de ce patrimoine artistique est permise grâce à l’exposition Cas d’écoles. Moulages et enseignement des arts et de l’archéologie (2018, Besançon). Deux expositions-dossiers sur les plâtres conservés à Montbard ont eu lieu dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine, en 2020 et 2022. Enfin, une quatrième exposition, Bosses & Reliefs. Empreintes du passé (avril 2025, dans le cadre des manifestations pour les 50 ans de l’ISBA à Besançon), a poursuivi cette mise en lumière de ces ensembles de plâtres, qui ont par ailleurs fait l’objet de mentions dans des publications. Cette exposition virtuelle s’inscrit dans cette démarche de valorisation des collections et des recherches qui les concernent. Elle offre, pour la première fois, l’opportunité de réunir les ensembles étudiés et de proposer aux visiteurs un aperçu des collections des différentes écoles d’art dont les plâtres sont conservés dans les musées de Bourgogne - Franche-Comté.
Collection de plâtres de l’école municipale des beaux-arts de Dole -
Remerciements
Pour la rédaction des textes : Baptiste Gollion (UMLP et Sophie Montel (UMLP) Pour l’accueil et l’encadrement des étudiants dans les musées : Alexandra Bouillot-Chartier (Semur), Jeanne Devoge (Semur), Tony Fouyer (Montbard), Sabine Gangi (Vesoul), Lionel Markus (DRAC), Samuel Monier (Dole) Pour l’encadrement des étudiants de l’université : Arianna Esposito (UBE) et Sophie Montel (UMLP)
Cette exposition a été réalisée avec le soutien de la Drac et de la Région Bourgogne Franche-Comté.
Remerciements -
Pharaon Atelier de moulage du Louvre (estampille)
Si la plupart des plâtres des écoles d’art reproduisent des sculptures gréco-romaines (40 % à Dijon), les collections conservent également des reproductions de statues et bas-reliefs orientaux et égyptiens.
Ce bas-relief, aujourd’hui brisé en cinq fragments, dont l’un est manquant, représente un pharaon portant la couronne bleue. L’original, en calcaire, conservé à Turin au musée Égyptien, date d’entre 1550 et 1069 av. J.-C. Le pharaon est représenté vu de son profil droit, le bras droit tendu vers l’avant. Un petit cobra se dresse en avant de sa couronne, qui correspond à un khépesh. Longtemps assimilée à un casque de guerre, cette couronne serait plus vraisemblablement un attribut d’apparat, symbole de triomphe, qui pourrait être porté lors de retours de guerre victorieux.
D’après le registre d’inscription de l’école des beaux-arts de Dijon (1930-1970), ce relief aurait été acquis en 1936, auprès de l’atelier du Louvre, ce qui montre qu’à cette période les enseignants cherchaient à diversifier les formes d’art présentées aux élèves.
Musée Buffon de Montbard Pharaon Atelier de moulage du Louvre (estampille) -
Bataille du roi Assurnasirpal II Atelier de moulage du Louvre (estampille)
La collection de plâtres de l’école des beaux-arts de Dijon livre des exemplaires de moulages pour le moment uniques dans les ensembles des différentes écoles d’art de la région. Cinq bas-reliefs forment ainsi la part d’art assyrien de la collection. Seul un plâtre de l’école municipale de dessin de Vesoul, la tête de Gudea, Prince Lagash, constitue un second exemple d’art oriental en Bourgogne - Franche-Comté.
Ce bas-relief représente le siège d’une cité mésopotamienne. L’original, en gypse, conservé au British Museum, à Londres, est daté vers 860 av. J.-C. Décorant initialement le palais royal de Kalkhu, ancienne capitale de l’Empire Assyrien à partir du règne d’Assurnasirpal II, ce bas-relief peint la vision des conquêtes militaires d’Assurnasirpal II. Il est représenté bandant son arc, prêt à décocher sa flèche vers une cité assiégée. Derrière, femmes, enfants et bétail faits prisonniers sont emportés. Ce plâtre ne reprend que la moitié gauche de la scène complète originale. Comme pour de nombreux autres plâtres de ce genre de collection, des attaches métalliques sont insérées dans la tranche supérieure afin de pouvoir le suspendre.
Musée Buffon de Montbard Bataille du roi Assurnasirpal II Atelier de moulage du Louvre (estampille) -
Niké attachant sa sandale Atelier de moulage du Louvre (estampille)
L’art gréco-romain a depuis la Renaissance été une source d’inspiration majeure pour la création artistique. Il en est de même dans les écoles d’art régionales, où les collections de plâtres étaient majoritairement constituées de ces œuvres. Anatomies précises, mouvement des corps, finesse et effet de transparence des draperies, permettent un apprentissage et des connaissances approfondis.
Ce bas-relief représente Niké, déesse grecque de la victoire. L’original, en marbre, daté entre 425 et 410 av. J.-C., faisait partie du décor du parapet du temple d’Athéna Niké, à Athènes, et est aujourd’hui conservé au musée de l’Acropole, dans la capitale grecque. Jeune femme ailée, vêtue d’un chiton (une longue tunique) et d’un himation (une sorte de manteau), Niké pose son pied droit sur un rocher et semble de sa main droite venir rattacher sa sandale.
Cette représentation n’est pas unique, les modèles en plâtres pouvaient être reproduits pour tirer de nombreuses épreuves, qui étaient alors diffusées dans les différentes écoles d’art. L’école des beaux-arts de Dijon possédait à elle seule trois exemplaires de ce bas-relief.
Musée Buffon de Montbard Niké attachant sa sandale Atelier de moulage du Louvre (estampille) -
Tireur d’épine Non connu
Les collections des écoles d’art sont composées de nombreuses formes artistiques : bas-reliefs, haut-reliefs et sculptures en ronde-bosse. Détachées de tout support, maintenues uniquement par leur socle, les rondes-bosses sont entièrement sculptées, permettant un rendu à 360° et des angles de vue multiples.
Cette statue représente un jeune homme, assis sur un rocher, retirant une épine de son pied gauche. L’originale, en bronze, conservée au musée du Capitole, à Rome, est datée du Ier siècle av. J.-C. Une inscription sur la tranche gauche du socle, « TIREUR D’EPINE BRONZE ANTIQUE » indique clairement le nom de l’œuvre originale dont est tirée cette copie en plâtre.
Dès la Renaissance et jusqu’au début du XXe siècle, la pose singulière et gracieuse du jeune homme fait de cette statue l’une des œuvres les plus copiées. Son léger sourire, dans un instant de douleur, et sa pose originale offrent un beau sujet pour les étudiants des écoles d’art.
Musée Buffon de Montbard Tireur d’épine Non connu -
Guirlande École Royale des Beaux-Arts (estampille)
Les représentations anthropomorphes ne sont pas les seules à constituer les collections des écoles d’art. Une grande partie des ensembles est composée de bas-reliefs ornementaux et de fragments d’architecture (respectivement 40 % et 23 % de la collection de plâtres de l’école de Dijon). Ces plâtres étaient ainsi utiles aux dessins de structures architecturales, de mobilier, et de leurs décors.
Ce bas-relief ornemental présente une guirlande de fruits sur trois niveaux. Celle-ci est entourée de part et d’autre de bucranes, des masques en forme de crânes de bovidés à cornes. Le bucrane de gauche est incomplet, laissant imaginer une continuité à cette guirlande dans le bas-relief d’origine. L’original, en marbre, est conservé au musée du Louvre. La datation de ce bas-relief n’est pas précisée, mais le motif ornemental permet de le rapprocher de la période romaine.
Ce genre d’ornement symbolique est extrêmement répandu dans l’art grec et romain. Il vient notamment orner des édifices de culte et des monuments funéraires. Les fruits et les bucranes symbolisent les sacrifices réalisés à l’occasion de cérémonies.
Musée Buffon de Montbard Guirlande École Royale des Beaux-Arts (estampille) -
Trapézophore lion Non connu
Les ensembles de plâtres des écoles des beaux-arts regorgent de modèles particuliers que l’on ne retrouve pas dans toutes les collections. Celle de l’école de dessin de Semur-en-Auxois livre deux exemplaires de plâtres de trapézophores, des pieds de table ornés de l’Antiquité.
Ce trapézophore représente une tête de lion reposant sur une patte. L’original, en marbre, daté entre les Ier et IIe siècles ap. J.-C., provient des collections d’antiques de l’École Nationale des Beaux-Arts de Paris. Plus précisément, ce pied de table voit une tête de lion à la gueule légèrement entrouverte émerger au-dessus de feuilles d’acanthe. C’est sa patte griffue qui, soutenant l’ensemble en se posant sur une base quadrangulaire, semble se métamorphoser en corbeille sur son extrémité supérieure pour y accueillir les feuilles d’acanthe.
La même griffe, en version restaurée par Ferdinand DUTERT, est présente à Semur-en-Auxois, mais aussi à Dole en deux exemplaires.
Musée Municipal de Semur-en-Auxois Trapézophore lion Non connu -
Saint-Georges terrassant le dragon Non connu
Alors que la plupart des écoles privilégient l’apprentissage à partir d’antiques, l’école de dessin de Semur-en-Auxois ouvre ses perspectives d’apprentissage aux formes d’art de toutes les époques, dès sa création en 1834.
Cette statuette représente Saint-Georges terrassant un dragon, comme le veut la légende dans laquelle le saint apprivoise puis tue le dragon qui demandait des sacrifices humains. Il sauve alors la princesse qui devait être donnée en sacrifice. Cette statuette est tirée du retable de la Crucifixion réalisé par Jacques de BAERZE, retable commandé en 1390 pour la chartreuse de Champmol et installé en 1399. Il est aujourd’hui conservé au musée des Beaux-Arts de Dijon. Saint-Georges est représenté vêtu d’une armure, les bras levés brandissant une épée et un bouclier pour terrasser le dragon. L’état du plâtre est très dégradé et fragmentaire notamment au niveau des armes du saint.
C’est à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, que l’ensemble des écoles d’art de la région se dote de plâtres médiévaux. Contrairement aux antiques, ces moulages d’œuvres du Moyen Âge sont principalement des fragments d’architecture ou d’ornements.
Musée Municipal de Semur-en-Auxois Saint-Georges terrassant le dragon Non connu -
Monument funéraire d’enfant Frédéric CREUSOT (Semur-en-Auxois, 1832 - 1896)
Bien que les plâtres constituant les collections des écoles d’art soient des copies d’œuvres préexistantes, les musées conservent aussi des modèles originaux. C’est notamment le cas pour le musée de Semur-en-Auxois, qui, en plus de conserver les plâtres de l’ancienne école de dessin de la ville, possède des œuvres d’artistes originales.
Ce plâtre a été réalisé par Frédéric CREUSOT (Semur-en-Auxois, 1832-1896), en 1889, et donné par l’artiste lui-même au musée de Semur-en-Auxois, en 1899. L’œuvre est signée « …usot 1889 », correspondant au nom de l’artiste et à la date de création. Dans un assez mauvais état et brisé en deux, ce plâtre est sur le modèle du monument funéraire d’un jeune enfant. Les yeux clos, l’enfant est couché paisiblement, la tête reposant sur un coussin et le corps recouvert par une couverture brodée. Il tient dans sa main droite une croix chrétienne. Des roses sont de part et d’autre de son bras et forment une couronne sur sa tête.
Musée Municipal de Semur-en-Auxois Monument funéraire d’enfant Frédéric CREUSOT (Semur-en-Auxois, 1832 - 1896) -
Chasseur et braconnier Mathilde THOMAS (Troyes, 1858 - 1949)
Les œuvres originales d’artistes du musée de Semur-en-Auxois sont en réalité aussi extrêmement intéressantes pour l’école de dessin. Cette dernière est fondée en 1834, tandis que le musée est créé l’année suivante, et offre donc des possibilités de modèles inédits. Encore aujourd’hui, il n’est pas rare d’observer des étudiants en art ou des artistes amateurs ou confirmés se rendre dans les musées pour parfaire leur art par la copie des œuvres qui y sont conservées.
Cette statue a été réalisée par Mathilde THOMAS (Troyes, 1858-1949) en 1882, et donnée par l’État au musée de Semur-en-Auxois en 1886. L’œuvre est signée sur son socle « Mathilde THOMAS, 1882 ». Ce plâtre représente deux chiens de races différentes, dressés sur leurs pattes, dans une opposition qui traduit leur confrontation. Entre eux, au milieu de leurs pattes, se trouve le cadavre d’un lièvre.
Les animaux sont une part importante dans l’art, qu’ils soient les sujets principaux des œuvres ou simplement décoratifs. Il n’est pas rare d’en trouver dans les collections des écoles d’art où ils constituent des modèles aux formes et aux expressions spécifiques.
Musée Municipal de Semur-en-Auxois Chasseur et braconnier Mathilde THOMAS (Troyes, 1858 - 1949) -
La Gloire et l’Immortalité Augustin DUMONT (Paris, 1801 - 1884)
Copies d’originaux pour l’apprentissage ou œuvres originales d’artistes, ces plâtres sont par-dessus tout des fragments et témoins d’histoire, importants en histoire de l’art. Ils sont parfois les seuls restes d’œuvres disparues, qui continuent de subsister au travers de ces moulages.
Ce plâtre, réalisé par Augustin DUMONT (Paris, 1801-1884) en 1854, est une maquette au tiers du fronton qui décorait le pavillon de Lesdiguières du Palais du Louvre à Paris, presque entièrement détruit en 1860 lors de la deuxième campagne de travaux du musée. Faisant originellement partie d’un ensemble plus grand, deux figures ailées y sont représentées, de part et d’autre du blason impérial, avec un aigle en son centre. La figure de gauche est assise, porte une couronne, et tient une couronne de lauriers et une longue trompette. Celle de droite est également assise, un pied posé sur un globe terrestre, et tient une branche de palme.
Cette œuvre donnée par l’artiste au musée de Semur-en-Auxois en 1859 n’est pas la seule. Ce sont parfois les dons des artistes qui viennent étoffer les collections. Ainsi, en 1884, après la mort d’Augustin DUMONT, l’ensemble des œuvres de son fonds d’atelier est légué au musée à sa demande préalable : c’est le legs Dumont.
Musée Municipal de Semur-en-Auxois La Gloire et l’Immortalité Augustin DUMONT (Paris, 1801 - 1884) -
Tête dite du roi Psammétique III sous la forme du dieu Osiris Non connu
Ce buste représente un homme, au départ identifié comme le roi Psammétique III. Il régna entre 526 et 525 av. J.-C. et fut le dernier pharaon de l’Égypte indépendante avant qu’elle ne tombe sous domination de l’Empire Achéménide. Sur ce buste, le pharaon est représenté sous les traits du dieu Osiris, dieu égyptien régnant sur l’au-delà et jugeant les âmes. Il est également la divinité rattachée à la figure du pharaon. Psammétique III est représenté portant la couronne Hedjet, une sorte de bonnet se rétrécissant sur le sommet, caractéristique des pharaons de la Haute-Égypte, et généralement portée par Osiris. Une figure serpentiforme orne la couronne sur le devant.
L’original en schiste vert, daté entre 650 et 600 av. J.-C., est conservé au musée du Louvre, à Paris. Cette datation, antérieure au règne de Psammétique III, remet alors en cause la première interprétation. Il s’agirait donc en réalité d’une représentation du dieu Osiris, et non du pharaon sous les traits de la divinité.
Avec seulement un second moulage, la tête d’un homme au crâne rasé, les copies d’œuvres égyptiennes représentent la plus petite part de la collection de plâtres de l’école municipale des beaux-arts de Dole.
Musée des Beaux-Arts de Dole Tête dite du roi Psammétique III sous la forme du dieu Osiris Non connu -
Éros de Centocelle Non connu
Certaines œuvres moulées pour les écoles d’art étaient dès l’Antiquité déjà des modèles. Ainsi, certaines statues représentant un personnage dans une pose particulière définissent un type repris ensuite par des générations de sculpteurs. C’est le cas de l’Éros de Centocelle.
Cette statue représente un jeune homme, le dieu Éros, en ronde-bosse, de la tête au haut des cuisses. Ses cheveux sont bouclés et sa tête tournée vers la droite Deux empreintes sur son dos marquent la présence d’ailes, qui sont déjà absentes sur la statue originale. Celle-ci, en marbre, découverte à Centocelle, en Italie, est une copie romaine d’après un original grec. Elle est datée du IIe siècle ap. J.-C. et est conservée au musée Pio Clementino, à Rome.
Pour réaliser la copie en plâtre de cette statue, il a été utilisé, comme pour d’autres moulages, la technique dite « à bon-creux et à pièces ». Des moulages, par parties de l’originale, sont réalisés pour créer un moule en négatif. Ces différentes pièces moulées sont ensuite raccrochées ensemble pour former le moule complet. Les délimitations de ces pièces laissent des traces sur le plâtre final, c’est ce que l’on appelle des coutures.
Musée des Beaux-Arts de Dole Éros de Centocelle Non connu -
Vase de Londres dit bacchanal Non connu
Les supports de représentation étaient nombreux durant l’Antiquité. Les vases aussi pouvaient porter des décors en relief.
Ce vase est une amphore à col en ronde-bosse, orné de son pied jusqu’au bout de ses anses. L’original, en marbre, restauré au XVIIIe siècle, est conservé au British Museum de Londres.
Le pied est décoré par des languettes et le bas de la panse par des godrons. Une seule des deux faces de la panse est ornée d’une scène figurée avec des personnages. Un cortège dionysiaque y est sculpté. Il s’agit d’un groupe de personnages qui accompagne habituellement le dieu grec Dionysos. Ce cortège est composé d’une ménade et de trois satyres. L’épaule de l’amphore est décorée d’une tresse, le col d’une guirlande de feuilles de lierre et de baies, et les rebords par des oves et des perles. Les anses sont terminées par des têtes de cygnes.
Structurellement, il est possible que des armatures métalliques aient été insérées dans les anses en plâtre pour rendre l’ensemble plus solide, et ainsi pouvoir peut-être soulever le vase naturellement par ses anses. Cette technique est bien attestée pour d’autres plâtres, notamment dans les doigts des statues.
Musée des Beaux-Arts de Dole Vase de Londres dit bacchanal Non connu -
Médaillon de Louis Pasteur Non connu
Les plâtres des collections des écoles d’art ne représentent pas seulement des figures antiques, mais également des personnages contemporains ayant marqué leur temps.
Bien que ce médaillon soit également présent dans la collection de Vesoul, nous avons choisi de nous intéresser à l’exemplaire dolois pour souligner le lien entre le personnage et sa ville de naissance. Ce grand médaillon circulaire représente le profil d’un homme, qui n’est autre que le chimiste Louis PASTEUR. Né à Dole, en 1822, il marqua son époque avec des recherches ouvrant les portes à de nombreux sujets d’étude, notamment la chimie de synthèse, l’hygiène et l’immunologie. Le nom du scientifique est inscrit sur le médaillon en majuscules latines, « LOVIS PASTEVR ». On y retrouve également ses dates de naissance et de mort, « 1822-1895 », montrant donc que la réalisation de ce moulage, ainsi que l’original, ont été réalisés après sa mort.
L’original, aujourd’hui disparu mais qui devait prendre place à la mairie de Besançon, a été réalisé par le sculpteur bisontin Georges LAËTHIER, en 1911, comme le confirme l’inscription en bas à droite du médaillon.
Musée des Beaux-Arts de Dole Médaillon de Louis Pasteur Non connu -
Homme écorché Non connu
Tous les plâtres constituant les collections des écoles d’art de la région sont chacun à leur manière des sujets inédits et particuliers, avec des poses et des expressions uniques. Ils offrent tous un apprentissage différent. Pour autant, une forme de sculpture sort du lot pour l’étude anatomique précise des corps : ce sont les écorchés. Ces figures humaines dénuées de peau permettent de comprendre parfaitement l’imbrication des muscles les uns avec les autres, et ainsi retranscrire les mouvements naturels des corps.
Cet écorché en ronde-bosse, d’après l’original que Jacques-Eugène CAUDRON avait réalisé à la demande du médecin Antoine-Louis-Julien FAU, est représenté en action : le pied droit posé sur une marche, le bras gauche levé, le bras droit dans l’alignement du corps. Malgré un état de conservation dégradé et une partie des bras fracturés, l’intérêt de ce type de pièce pour le dessin anatomique reste compréhensible. Les muscles de la jambe gauche sont marqués par une tension due au seul appui de la pointe des orteils sur le sol, une tension notamment perceptible par un tendon d’Achille saillant. Les muscles de la jambe droite sont eux contractés du fait de l’appui complet du pied sur une marche, comme pour se propulser. Au niveau de son torse, une torsion est appliquée à l’ensemble des groupes musculaires. En plus de cette torsion, le mouvement vers le haut du bras gauche crée une élongation verticale des muscles abdominaux et dorsaux gauches.
Musée des Beaux-Arts de Dole Homme écorché Non connu -
Niké rattachant sa sandale Atelier de moulage du Louvre (estampille)
Ce bas-relief ne nous donnerait-il pas comme une impression de déjà-vu ? Un vague souvenir d’un bas-relief de l’école des beaux-arts de Dijon ?
Pour cause, les épreuves en plâtre ne sont pas des œuvres uniques, mais des multiples réalisés à la demande pour des envois vers les différentes écoles d’art. Cette « Niké rattachant sa sandale » est ainsi présente dans toutes les collections de plâtres étudiées dans les écoles de la région : à Vesoul, à Dole, à Semur-en-Auxois et à Dijon. Ce modèle est même présent dans de nombreuses autres collections de plâtres, comme dans celles des écoles des beaux-arts de Tours et Amiens, et dans notre région dans la collection de l’Université Marie et Louis Pasteur, aujourd’hui exposée dans la Bibliothèque Universitaire Lettres et Sciences Humaines, à Besançon.
Ce bas-relief est tout particulièrement intéressant pour l’apprentissage dans les écoles d’art du fait de la restitution de l’aspect originel du drapé de la déesse, un drapé au rendu fin et ondoyant, laissant apparaître les courbes de son corps par transparence.
Musée Jean-Léon Gérôme de Vesoul Niké rattachant sa sandale Atelier de moulage du Louvre (estampille) -
Euripide assis Non connu
Qualifiés de faux, trompeurs pour l’œil, dans un matériau « pauvre », le public tombe en désamour avec les plâtres à partir des années 1930. L’arrivée de nouveaux supports d’apprentissage modernisés dans les écoles d’art va mettre au rebut les collections de moulages de ces différentes institutions. Ces plâtres sont alors entreposés, là où il y a de la place pour les mettre, souvent dans des caves ou greniers, dans de mauvaises conditions de conservation.
Ce plâtre représente une figure masculine drapée, assise sur un trône adossé contre un mur. L’homme est identifié comme l’auteur de tragédies grecques Euripide, malgré sa tête manquante. L’original, en marbre, daté du IIe siècle ap. J.-C., dont la tête a été restaurée, est conservé au musée du Louvre, à Paris. Une étiquette sur la base du plâtre indique « LYCÉE DE VESOUL / DESSIN / Série unique / N°. ». Cette étiquette montre que les collections didactiques faisaient l’objet d’inventaires dans les établissements d’enseignement, ici le lycée Gérôme de Vesoul.
Réalisé en plâtre creux sur armature en bois, ce moulage est aujourd’hui structurellement fragile et non manipulable. Comme pour de nombreux plâtres, l’armature en bois solidifiant la structure à l’origine ne tient plus son rôle du fait de la dégradation due aux mauvaises conditions de conservation, en particulier l’humidité des caves et greniers.
Musée Jean-Léon Gérôme de Vesoul Euripide assis Non connu -
Buste de Molière Non connu
Souvent laissés avec leur couleur blanche d’origine, certains plâtres arborent des teintes variées. Bien qu’il s’agisse parfois de repeints réalisés au cours du temps de l’utilisation du moulage, les mouleurs pouvaient aussi appliquer une patine donnant l’illusion d’un vieillissement ou d’un matériau différent, comme le bronze.
Ce buste en ronde-bosse représente un homme moustachu aux longs cheveux coiffés d’un bonnet. Il porte autour de son cou un foulard noué. Il est visuellement identifiable comme Jean-Baptiste POQUELIN, plus connu sous le nom de Molière. La gravure « MOLIERE », sur le socle, confirme cette identification. Le buste, en très bon état, ne présente qu’un petit éclat au niveau du menton. La couleur noire, rappelant celle d’un bronze oxydé, est due à l’application d’une patine, puis d’une reteinte plus tardive à l’encre et à la gouache diluée.
La collection de plâtres de l’école de dessin de Vesoul comprend une dizaine de ces bustes patinés. L’un, celui de Racine, est même recouvert de repeints beige, jaune, vert, rouge et bleu, au niveau de sa carnation, ses cheveux et ses vêtements, ajoutés à une période plus récente.
Musée Jean-Léon Gérôme de Vesoul Buste de Molière Non connu -
Médaillon sur pied de Marianne Non connu
Si les collections de plâtres sont d’abord constituées de copies d’œuvres antiques, elles s’enrichissent par la suite de nouveaux modèles au gré de l’évolution des mœurs de la société. Ainsi, il n’est pas étonnant d’y retrouver des figures de la France républicaine, et tout particulièrement son allégorie : Marianne.
Ce médaillon sur pied représente Marianne, figure féminine aux cheveux détachés et coiffée d’un bonnet phrygien. Son profil gauche s’inscrit dans une couronne végétale ornée de rubans. Même si la blancheur du plâtre domine, des traces colorées témoignent à certains endroits de la présence d’une ancienne patine disparue avec le temps. On retrouvait ainsi une patine jaune-dorée sur le fond du médaillon et sur le pilier formant la partie supérieure du socle. Une patine verte était présente sur la couronne végétale. De nombreuses inscriptions gravées sont conservées sur ce plâtre, comme l’inscription « REPUBLIQUE FRANCAISE » sur le socle. « FRANCE », « PROGRES » et « SCIENCE » sont gravés sur le pourtour du relief. On lit aussi « SYAMOUR » et « 1885 » sur le bord extérieur du plâtre, ce qui correspond au nom de la sculptrice de l’œuvre originale et la date à laquelle elle a été réalisée.
Musée Jean-Léon Gérôme de Vesoul Médaillon sur pied de Marianne Non connu -
Modèle plan Charles DELAGRAVE, Paris (estampille)
Copies d’œuvres anciennes, originaux d’artistes, et maquettes de créations plus grandes composent les collections des écoles d’art de la région. Un dernier type de moulage en constitue encore une part : les plâtres originaux spécifiquement créés pour l’apprentissage.
Ce bas-relief rectangulaire présente deux registres aux motifs géométriques. Le registre inférieur est composé de trois fleurs respectivement à six, huit et cinq pétales. Le registre supérieur est lui composé d’une palmette stylisée encadrée de volutes en relief et en creux. La couleur lisse et uniforme blanche du plâtre est due à l’application d’un badigeon de propreté, sans doute une détrempe à base de chaux.
Tous signés de l’éditeur parisien Charles DELAGRAVE, ces plâtres d’apprentissage sont présents dans trois des écoles d’art de la région pour le moment étudiées : huit modèles géométriques à Vesoul, sept modèles géométriques et un modèle anatomique à Dole, et trois modèles géométriques à Semur-en-Auxois.
Musée Jean-Léon Gérôme de Vesoul Modèle plan Charles DELAGRAVE, Paris (estampille) -
Bibliographie indicative
Projet moulages : https://ista.univ-fcomte.fr/projet-moulages
Bouillot-Chartier Alexandra, Esposito Arianna, Markus Lionel, « Les plâtres du musée Buffon de Montbard et du musée de Semur-en-Auxois : histoire et perspectives croisées d’un chantier des collections », Archimède, 2025 [en ligne]
Esposito Arianna, Markus Lionel et Montel Sophie, « Dans le goût de l’antique », In Situ, 43, 2021, mis en ligne le 02 février 2021. URL : http://journals.openedition.org/insitu/28758 ; DOI : https://doi.org/10.4000/insitu.28758
« Faivre Emy, Les modèles en plâtre de l’école d’art de Dole : lumières sur une collection oubliée », Archimède, 2025 [en ligne], URL : https://agorha.inha.fr/ark:/54721/8c5df081-19a6-4514-9016-4912c12ff88a
Hamelin Liliane, Joulia Romain, « Le collège-lycée Gérôme à Vesoul (1610-2019) : retour sur une démarche originale de préservation de collections patrimoniales », In Situ, 45, 2021, mis en ligne le 20 juillet 2021. URL : http://journals.openedition.org/insitu/32993 ; DOI : https://doi.org/10.4000/insitu.32993
Épisode du podcast de l’université sur le travail réalisé par Laura Perrin : https://lnkd.in/eYbMGQ-Z
Bibliographie indicative