Modèle de courage, magnifiant aussi bien la fermeté d’âme que le courage physique, l’exploit légendaire peint par Le Brun se situe aux premiers temps de la République, pendant le siège de Rome par les étrusques.
Tiré d’un passage de Tite-Live (II, 12), il montre le jeune romain Caius Mucius, pénétrant dans le camp adverse pour assassiner le roi étrusque Porsenna. Il tue par méprise un proche du roi puis est fait prisonnier. Afin de punir sa main fautive, il la laisse brûler dans un brasier - d’où son nom de Scaevola : gaucher -. Impressionné par son courage, Porsenna lui laisse la liberté.
Cette œuvre-clé de la carrière de Le Brun, peinte en Italie vers 1643-1645, durant les années de formation de l’artiste, traduit l’influence de Nicolas Poussin avec sa composition où les différentes étapes du drame se juxtaposent et s’enchaînent comme en un plan de lecture unique. L’attention portée aux détails archéologiques contribue à renforcer la méthodologie classique et « l’expression des passions » sera le fondement même de l’œuvre du peintre de Louis XIV.
Mais, à la différence d’autres toiles peintes en Italie à cette période, Le Brun, dans ce tableau, affirme un style personnel dans la présence physique des chevaux, le réalisme de la bête éventrée et dans la brutalité expressive du poing brûlé et du cadavre. La recherche de l’effet pathétique et de l’émotion immédiate contribuent à la mise en place, au milieu du 17e siècle, du grand genre, celui de la peinture d’histoire.