Dans l’œuvre de Corot, le Repos sous les saules appartient à l’ensemble des tableaux paysagers dit naturalistes. C’est une œuvre de maturité où, au contact de l’école de Barbizon, il peint une nature authentique et émouvante délivrée des prétextes mythologiques et historiques.
A l’inverse de ses premières compositions, notamment italiennes, où le trait, le dessin sont appuyés, cette composition s’organise en masses colorées et aériennes. Les arbres y jouent un grand rôle : le bouleau, de son tronc moiré, structure la masse verte du feuillage tandis que le saule, solidement ancré au centre de la composition, distribue les espaces aériens et terrestres. Ses feuilles argentées semblent frémir sous une brise fraîche et s’évaporer dans le ciel lumineux tandis que son tronc conduit le regard jusqu’à la terre, jusqu’à l’eau. Les personnages au pied du saule paraissent minuscules dans cette nature englobante, vivante ; ils sont soulignés par les couleurs vives de leurs vêtements qui entrent en résonances avec de délicates touches colorées additionnées au feuillage.
La recherche d’une traduction sensible des variations de lumière, une facture délicate, de plus en plus imprécise et vibrante ainsi que l’atmosphère poétique et diaphane que Corot installe dans ces tableaux, font de ce peintre un des précurseurs de la vision moderne que les impressionnistes porteront sur le monde.