Le Dénombrement de Bethléem comme son pendant Le Massacre des Saints Innocents, également exposé au musée, sont des œuvres au sujet religieux traitées à la manière de scènes de genre, retranscrites dans la réalité contemporaine de leur auteur. Elles se déroulent dans un petit village du Brabant au 16e siècle. Il s’agit sans doute d’une allusion à l’hiver particulièrement rigoureux qu’ont subi les Flandres en 1564-65. Outre leur intérêt esthétique, ces œuvres renseignent précisément sur la vie quotidienne à cette période et séduisent par tous les détails croqués sur le vif qu’elles proposent.
Le sujet du Dénombrement de Bethléem est tiré de l’Évangile selon saint Luc. Il s’agit du recensement des habitants de l’Empire effectué sur ordre de l’Empereur Auguste, auquel doivent se présenter saint Joseph et la Vierge alors enceinte. Le couple est le seul élément qui confère un caractère sacré à cette représentation. L’immersion du fait religieux dans la vie quotidienne est une des constantes de l’iconographie déployée par Pieter Brueghel l’Ancien. Son fils, Pieter Brueghel le Jeune, reprend treize fois ce motif avec son atelier. De nombreuses variantes à l’original daté de 1566 sont introduites dans cette version, ainsi certaines couleurs des vêtements, le nombre et les attitudes des oiseaux, l’absence de certains personnages, ou encore la morphologie du château.