Le chasseur allemand est l’un des premiers tableaux de Gustave Courbet évoquant la chasse. Cette thématique, qu’il traite à partir de 1857 et qui revient fréquemment dans sa production, est à la mode sous le Second Empire. Courbet est lui-même un chasseur chevronné lors de ses séjours en Franche-Comté.
La scène présentée ici est peinte au cours d’un voyage de l’artiste à Francfort. Il participe alors à de grandes battues au lièvre et s’intéresse aux chasses au cerf. Il choisit ici l’instant où le gibier, blessé et poursuivi par le chasseur et son chien, s’affaisse les pattes en l’air sur les bords d’une rivière. Le cerf tente dans un dernier effort d’y lamper la gorgée qui va apaiser sa souffrance. Courbet utilise un grand format qui habituellement est réservé à la peinture d’histoire. Il livre une composition à la mise en page brutale : les trois protagonistes sont tous placés au premier plan dans un cadrage resserré, le mufle du cerf s’avance au plus près du bord inférieur de la toile comme s’il voulait la fuir. Cette œuvre, qui place le spectateur au niveau de la scène et l’y intègre, est une évocation puissante, sans complaisance. Elle marque les esprits contemporains en tranchant avec les scènes de chasses pittoresques ou décoratives qui caractérisent ce genre en 1859.