S’inspirant de la très célèbre représentation de Lamartine par Decaisne, Etienne Carjat exécute un portrait-charge de Lamartine en 1856 en prévision d’une publication dans le journal satirique Le Diogène. Il reprend l’exacte composition du tableau, en exagérant les aspects symboliques. Ainsi le poète, doté d’une énorme tête et d’un corps filiforme, est affublé des ailes de paon de la vanité, gratte une minuscule lyre de la poésie devant un lac, écho de ses succès littéraires passés. Ses pieds sont entravés par les boulets de la réalité politique des premiers jours de la révolution, le 24 février 1848. Les fleurs de pavot sont tout aussi évocatrices de la somnolence qu’il procure à ses auditeurs tandis que le lévrier tend une sébile en écho à ses perpétuels soucis financiers.