Le jour tombe sur la campagne alanguie, deux jeunes filles rentrent des champs et grapillent sur leur chemin les fleurs éparses du sol dénudé par les moissons dont elles viennent de glaner les derniers épis : c’est Le Soir. Cette œuvre de Jean Laronze, qui rappelle les célèbres tableaux naturalistes de Millet, dégage une grande poésie. L’espace s’étend à perte de vue grâce au subtil réseau de lignes formé par le paysage. La figure verticale de la jeune fille debout crée une rupture dans la composition et guide le regard sur les personnages. Les couleurs franches, le rouge de la robe, le vert du tablier et le jaune des blés, sont attachées aux personnages et contribuent à leur mise en valeur. L’espace immense est baigné d’une lumière chaleureuse qui prend sa source dans le ciel clair. Le traitement du ciel, par petites touches presque impressionnistes, contraste avec la facture très lisse et le style réaliste des personnages.
Les jeunes filles sont effectivement représentées avec beaucoup de détails, ainsi, la lumière dans leurs cheveux, la main qui s’avance pour la cueillette d’une fleur, le pas mesuré de la petite paysanne en sabot sont autant de choses infimes qui font la qualité et la poésie de ce tableau. De même les fleurs, sur leurs tiges graciles, évoquent une beauté simple dont seul les yeux attentifs peuvent s’abreuver.